Voici un recueil d’une originalité et d’une précision authentiques !
Choqué par la désinvolture qui affecte les datations, spécialement celles concernant les acteurs, Jean Cheynet de Beaupré est parvenu, au terme de soigneuses révisions, à une mise au point définitive en effaçant les incertitudes et les approximations trop souvent répercutées.
Une telle enquête ne se résume pas aux identités des grands premiers rôles, elle englobe également celles des acteurs de second plan, voire des simples silhouettes. Ayant démarré sous son propre patronyme ou cheminant masqué d’un pseudonyme, le sujet voit sa vie marquée par deux dates, sa naissance et son décès, dûment enregistrées par les mairies. Il suffit d’avoir recours à ces pièces pour tout éclaircir.
Un tel procédé réclame trois qualités – on peut même dire trois vertus : la perspicacité, la décision, la patience. L’entêtement du chercheur – d’aucuns diraient sa maniaquerie – doit rejeter toute hésitation après examen des journaux d’époque avec leurs carnets mondains. Une fois évités les pièges du pseudonyme et la confusion avec d’autres personnes portant semblables noms et prénoms, le recours aux généalogistes peut s’imposer, notamment pour obtenir communication d’actes établis en pays étrangers.
Il arrive que parfois, l’ombre persiste, mais Jean ne se décourage jamais. Il ne désespère pas de retrouver, par exemple, les traces de Claire Neuville, artiste qui connut son heure de gloire dans le film de Marc-Gilbert Sauvajon, "Ma pomme" avec Maurice Chevalier en 1950. Un autre chercheur trouvera peut-être la solution de l’énigme, dûment estampillée par une mairie mystérieuse. Avis aux amateurs.
Entre les deux pôles du parcours d’un comédien, rien n’empêche les fervents de l’écran de glisser les titres de leurs films préférés, éléments d’une cinémathèque idéale et d’affirmer, comme on l’a si bien dit, que les étoiles ne meurent jamais.
Raymond Chirat
Historien du cinéma français
Hommage à Raymond Chirat
Raymond Chirat, nous a quittés le 26 août 2015. Il était l’un des plus grands historiens du cinéma français, laissant une œuvre abondante qui fait autorité et restera une référence.
Il publia une volumineuse Histoire du cinéma français de 1929 à 1970, dans laquelle il répertoriait tous les films réalisés en France, pendant quarante ans.
Parmi ses autres ouvrages, il convient de citer « Les Excentriques de cinéma français », coécrit avec Olivier Barrot et consacré aux comédiens de second plan. Raymond Chirat et Olivier Barrot réparaient ainsi une injustice puisqu’aucun livre n’avait été, jusqu’alors, publié sur les « seconds rôles ».
Citons également « La Vie de Marguerite Moreno », excellente biographie consacrée à l’inoubliable créatrice de « La Folle de Chaillot », de Jean Giraudoux, en 1945.
Erudit, Raymond Chirat l’était assurément, mais il aurait réfuté ce mot. C’était un homme de culture complet et un homme de passions.
Je le connaissais depuis vingt-sept ans et lors de nos nombreux entretiens, je ressentais toujours chez lui la même passion, non seulement pour le cinéma, mais aussi pour le théâtre, la littérature, la musique. Cette passion, il savait la communiquer, la transmettre. L’écouter et parler avec lui était un bonheur. Toujours affable, il avait une qualité d’écoute peu commune. L’esprit était vif, la mémoire infaillible et l’humour toujours présent.
Merci de tout cœur, cher Raymond, de m’avoir accordé votre amitié.
Merci également pour votre bienveillance.
Ils n'ont pas fini de me manquer nos coups de fil au cours desquels nous évoquions tant de comédiens et tant de films que nous estimions.
Je suis attristé par votre absence, mais vous n’aimeriez pas cela aussi vais-je m’efforcer de l’être moins.
Au revoir, Raymond.
Philippe Chevallier
Ami personnel de Raymond Chirat
Feurs, le 4 octobre 2015